Le burnout : ce qu’il faut savoir pour l’éviter (2/2)

Dans le premier article, nous avons défini le burnout et avons recensé les principaux signaux d’alerte.

Le burnout étant l’issue d’un processus qui s’inscrit dans la durée, il est intéressant de de comprendre comment ce processus se déploie.

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Les quatre phases du burnout

Quelle que soit la nature du travail et le mode de relation que le collaborateur qui fait l’objet d’un burnout entretient avec son responsable hiérarchique, on dénombre 4 phases. Ces phases peuvent varier non seulement d’un individu à l’autre mais aussi au cours du temps.

 

Phase 1 : le plaisir au travail

Impliqué fortement avec un engagement constant, le collaborateur montre une satisfaction professionnelle en acceptant de bonne grâce les aspects négatifs de son travail et en s’appliquant et en persévérant dans les tâches confiées. Dans cette étape le collaborateur a le sentiment d’être reconnu et récompensé justement pour les efforts qu’il entreprend.

Phase 2 : le sur engagement

Dans cette phase, la motivation et la satisfaction reste forte mais la sphère du travail envahit progressivement le champ personnel et privé du collaborateur. Il va alors accorder beaucoup moins d’importance à ses besoins personnels (qu’il s’agisse de ses loisirs, de la pratique d’un sport), ou à ses besoins sociaux (de sorties entre amis, familles).

Le temps de travail dépasse largement les 50 heures hebdomadaires ce qui fait souvent grincer l’entourage et la famille. Les premiers signes de fatigue physique qui commencent à apparaître sont largement minimisés quand ils ne sont pas ignorés tout simplement par le collaborateur lui-même.

Phase 3 : l’acharnement frénétique

Devant l’accumulation des contraintes et le stress grandissant, le plaisir au travail s’amenuise progressivement. Parallèlement l’anxiété va grandir et l’estime de soi diminuer peu à peu. Le collaborateur faisant preuve de moins d’empathie que par le passé, il devient critique et peut manifester de l’agression verbale vis-à-vis de son entourage (collaborateurs, collègues). Les manifestations de sur engagement deviennent complètement évidentes notamment dans la sphère privée.

Étape 4 : l’effondrement

Cette dernière étape est peut-être la phase finale d’un long processus qui peut durer des mois. Le collaborateur craque littéralement : il a perdu toute capacité d’initiative et le cynisme auquel il pouvait faire appel peut céder alors le pas à de la violence y compris physique. Cet effondrement de la personnalité affecte toutes les dimensions psychiques, émotionnelles et physiques. Ce qui peut se traduire par une dépression majeure et le risque de passage à l’acte suicidaire n’est surtout pas prendre à la légère

 

Illustration : témoignage de Aude SELLY, Gestionnaire RH dans un grand groupe

 

Couverture-livre-aude-selly Son livre « Quand le travail vous tue. Histoire d’un burnout et sa guérison », 2013, Editions Maxima,

Arès avoir obtenu un poste de gestionnaire de ressources humaines dont elle rêvait depuis plus de 10 ans, Aude manifeste sa motivation et sa fierté d’assumer ce poste qu’elle qualifie d’idéal. Elle adorait son travail et s’y investit plus que de raison : au bout de 15 jours, elle a déjà fait deux nuits blanches (gestion de la paye). Ce poste ne jouissant pas de d’un descriptif avec des tâches limitées elle accepte volontiers toutes les nouvelles choses à faire. À noter qu’avant elle, trois autres gestionnaires se sont succédé et n’ont finalement pas convenu. Elle a à cœur de ne pas décevoir.

Les premiers troubles du sommeil ont commencé à se manifester : Aude se réveillait la nuit en se disant « je n’ai pas terminé ci, je n’ai pas fait ça ». Dormant mal, elle ressent de la fatigue. Au bout de six mois elle souffre d’une première névralgie qu’elle attribue à ses troubles de sommeil. Investie dans son travail elle fait très peu de pauses, se rendant disponible à l’heure du déjeuner pour les collaborateurs (elle-même renonçant à déjeuner de façon correcte en mangeant le plus souvent sur le pouce et devant l’ordinateur, le distributeur faisant fonction de restaurateur). Elle aura pris 18 kg sur une période de 3 ans. Progressivement à ces manifestations physiques des manifestations cognitives avec des difficultés à se concentrer à mémoriser, elle mélange les noms des gens.

Deux ans après son entrée dans l’entreprise son responsable hiérarchique a été licencié du jour au lendemain. Ce fut un grand choc. Elle a néanmoins pensé qu’elle était toute désignée pour reprendre le poste. C’est « un jeune gamin pistonné qui l’a eu ». Cet élément a été sans doute le déclencheur qui a fait voler en éclats toutes les valeurs en quoi elle croyait en tant que responsable RH. A partir de ce moment a commencé la dévalorisation de soi, en se comparant régulièrement à la personne nommée. Malgré tout, elle continue normalement en s’accrochant à son poste en se disant que ça ira mieux et que le travail finira par payer.

10 mois après sa nomination, le responsable RH nommé, a été licencié de nouveau. Elle s’est de nouveau, retrouvée seule sans responsable.

Avec le temps, elle abandonne ses hobbies : le théâtre et le volley. Elle se plaint de n’avoir plus le temps. A la maison, beaucoup de tensions entre son compagnon et elle surviennent à cause de son travail. « J’essayais de voir mes amis mais j’avais l’impression que ces moments passés avec eux me prenaient trop d’énergie. J’étais déjà tellement épuisée… »

Le dernier incident qui a été fatal est sa contribution à une conférence téléphonique qui rassemblait tous les responsables RH dans le cadre d’un projet de voyage aux États-Unis. Pour Aude il ne lui était jamais venu à l’idée qu’elle ne pourrait pas en faire partie. En fait elle a reçu par un simple mail l’annonce de son nom départ pour des raisons de restrictions budgétaires et du fait qu’elle n’avait pas le titre de responsable RH. Le lendemain elle a pris des médicaments dans la perspective de se supprimer. Rattrapée et soutenue par son compagnon elle a réussi finalement en réchapper.

Pendant plusieurs mois elle a été au repos forcé. Elle n’est jamais retournée dans l’entreprise avec laquelle elle a négocié son départ. Elle se sentait coupable puisqu’elle était la seule à avoir craqué prenant toute la responsabilité avec un sentiment de honte.

Puis elle a été suivie par une psychologue du travail avec qui elle aura compris qu’elle n’était pas responsable. Elle a remonté progressivement la pente et a réussi à reprendre confiance en elle.

 

Les 10 éléments pour prévenir et éviter le burnout

1. Connaître les signes avant-coureurs du burnout pour les reconnaître très vite

Ainsi dès les premières manifestations il est important de se poser des questions et de commencer à prendre, avant de se sentir happé par le travail, les premières dispositions pour arrêter le processus de burnout.

2. Clarifier ses limites et ses priorités

A l’impossible nul n’est tenu. Tout collaborateur doit s’investir dans des plages de travail raisonnables de façon à continuer à entretenir une vie sociale et privée satisfaisante, élément indispensable de ressourcement d’énergie. En acceptant des objectifs ambitieux et irréalistes c’est d’ores et déjà se mettre en échec ou s’inviter à se laisser happer par le travail. Quelque fois, il devient urgent et nécessaire d’apprendre à dire Non !

3. Partager sa charge de travail

Lorsque la charge de travail devient trop importante et impossible à tenir dans des limites de temps raisonnable, il convient de trouver des solutions pour réduire sa charge de travail  ou renégocier les échéances de livraison.

4. Rester en contact avec son environnement et notamment ses collègues

Souvent la personne qui se laisse happer par le travail jusqu’au burnout s’oublie dans le travail en finissant par s’isoler et en oubliant aussi l’environnement. Il est important de conserver un ancrage ave son environnement pour continuer à entretenir des relations au travail.

5. Faire des pauses dans la journée et prendre le temps de déjeuner

Les pauses sont des moments courts très bénéfiques car elles aident à faire des coupures entre activités, des respirations pour mieux reprendre son souffle et le travail après une activité dense.

La pause déjeuner est essentielle. On ne le dit pas assez mais une bonne alimentation contribue à maintenir son capital santé et à le développer.

6. Séparer vie privée et vie professionnelle

Aujourd’hui, avec les techniques de communication et la densification du travail, il n’est pas rare d’en emporter à faire le soir et le week-end. Ces modalités doivent être rares et totalement circonscrites à des périodes et des occasions exceptionnelles.

7. Prendre des congés avant d’être épuisé.

Il est important de poser des congés régulièrement pour prendre du recul et se ressourcer …Bien évidemment, pour être bénéfiques, ces périodes de congés ne doivent pas souffrir de travail emporté à faire à la maison ou sur le lieu de vacances.

8. Continuer à avoir une vie privée et sociale, riche et variée

En entretenant une vie sociale riche et variée, on reste en contact avec d’autres personnes, on évite ainsi l’isolement qui favorise le fait d’être happé par le travail. Ceux-ci peuvent avoir un regard critique sur un investissement par trop important.

9. Entretenir des centres d’intérêt, en dehors du travail

Quelque soit le centre d’intérêt, celui permet également une diversion et favorise la prise de recul et le ressourcement.

10. Se dépenser physiquement

Le fait de se dépenser physiquement favorise, pour certains, une meilleure qualité de sommeil.

Les activités physiques contribuent également à prendre du recul.

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Il est difficile de dresser le profil type des personnes en danger, susceptibles d’être une cible pour le burnout, tant les conditions de travail, d’organisation et de management varient d’un métier à un autre.

Même si le burnout peut potentiellement toucher tout le monde, nous ne sommes pas tous à égalité face à ce risque: certains parviennent se protéger quand d’autres, à l’inverse, sont incapables de mettre à distance la sphère professionnelle qui va progressivement envahir leur vie privée.

Si on est déjà engagé dans un processus de burnout, il convient de ne pas prendre les symptômes à la légère et de consulter son médecin.

A propos Joceline Hamon

Joceline HAMON a construit son expérience au sein de grands groupes ou de filiales de différents secteurs. Elle a occupé des postes de cadre opérationnel puis de cadre dirigeant dans la fonction Systèmes d’Information et Organisation (totalisant une expérience de près de 25 ans dans le management opérationnel et stratégique). Le management y est la clé de voûte de la réussite des projets dont elle a la charge.

Pour faire votre diagnostic « burnout », recopiez ce lien la barre d’URL dans votre navigateur http://www.therapiebreve.be/plus/tests/burnout-cbi et répondez à l'auto-questionnaire.

 
Pensez-vous être une bonne cible pour le burnout ? Ou, au contraire, il serait très difficile de vous faire happer par le travail ?
 

Dans votre entourage, identifiez-vous des personnes qui pourraient être des cibles potentielles au burnout ? Quels sont les éléments que vous avez repérés ?

Que comptez-vous faire ?

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